Tuesday, August 27, 2013

pH

Avez-vous remarqué que je n’ai plus fait la moindre remarque sur les changements climatiques ces derniers temps? C’est parce que je tente d’étudier la question dans la vraie littérature scientifique plutôt que dans les gazettes. Et même là, c’est assez interpellant. Exemple du jour, relaté dans toutes les gazettes du monde : “Un demi-degré supplémentaire d’ici la fin du siècle - L’acidification des océans provoque un réchauffement supplémentaire.”

L’article du Soir retranscrit assez bien ce que les auteurs ont publié dans Nature Climate Change. Mais quand on regarde les données elles-mêmes, c’est tout autre chose. Voici comment je les décrirais:

- Trois études indépendantes ont mesuré, en conditions expérimentales, qu’une diminution du pH de l’eau de mer corrèle avec une diminution de DMS produit par le plancton marin. Une 4ème étude relatant un résultat inverse est écartée. Ces mesures sont extrapolées à l’ensemble des océans de la planète.

- Par ailleurs, les modèles prévoient que l’augmentation anticipée du CO2 atmosphérique d’ici à la fin du siècle induira une acidification des océans d’environ 0,5 unités de pH.

- Sur base des deux précédents paramètres, une estimation de la diminution de DMS d’ici à la fin du siècle est calculée.

- Le DMS étant connu pour affecter (refroidir) le climat, ce chiffre est introduit dans un modèle théorique de prévision climatique qui tient compte de paramètres naturels et humains.

- L’algorithme calcule un effet d’augmentation des températures globales, d’ici à la fin du siècle, allant de 0,1 à 0,76°C en fonction des paramètres introduits dans le modèle. Ce chiffre doit être additionné aux autres sources de réchauffement.

Leur conclusion: l’acidification des océans causée par le CO2 renforce de 0,5°C le réchauffement climatique en 2100.

Les climatologues ont cette drôle d’habitude de parler au présent, comme s’il s’agissait de faits établis, pour décrire les projections résultant de leurs modélisations mathématiques. Dans toutes les autres disciplines scientifiques, on utilise le conditionnel tant que la projection n'a pas été confirmée expérimentalement ou par les observations.

Qu’ils viennent présenter leur méthode scientifique ici à des immunologistes, et ils se feront rapidement crucifier!

1 comment:

Anthony said...

En fait, le journaliste du Soir, dans la version PDF, décrit les résultats de manière beaucoup plus correcte et objective que les auteurs eux-mêmes!

Un bon point pour Le Soir!