Merci pour tout, Chef!
Friday, December 18, 2015
Antépénultième
Il y a encore beaucoup de gens biens dont j'aurais aimé vous parler. Mais il est trop tard. Triste de les quitter, mais ça fait chaud au coeur, tous ces gens qui on laissé un mot sur mon bureau vide aujourd'hui, sont venus dire au revoir ou sont venus chercher leur "hug", parfois avec une petite larme. Ils me disent que le labo ne sera plus le même. Mais se rendent-ils compte que pour eux, c'est une seule personne qui part? Moi c'est une trentaine de personnes que je quitte.
Soit!
Les souris sont parties, ma paillasse est d'une propreté inacceptable, mes frigos sont vides à part quelques boîtes qui partiront en janvier, j'ai rendu ma carte d'accès à Yale, je n'ai plus une seule clé sur mon porte clé, le chef a fait sont speech, j'ai reçu mes cadeaux estampillés "Yale". C'est fini. Il ne reste plus que ce blog à clôturer... et c'est en fait le plus difficile de cette longue journée.
Avant de poser le point final, encore deux posts. Deux selfies. Avec des gens uniques.
Merci à vous qui avez suivi ce blog depuis le début. Essayez de taper à nouveau pategaumais.be dans quelques semaines. Ca pourrait vous amener à de nouvelles aventures.
Soit!
Les souris sont parties, ma paillasse est d'une propreté inacceptable, mes frigos sont vides à part quelques boîtes qui partiront en janvier, j'ai rendu ma carte d'accès à Yale, je n'ai plus une seule clé sur mon porte clé, le chef a fait sont speech, j'ai reçu mes cadeaux estampillés "Yale". C'est fini. Il ne reste plus que ce blog à clôturer... et c'est en fait le plus difficile de cette longue journée.
Avant de poser le point final, encore deux posts. Deux selfies. Avec des gens uniques.
Merci à vous qui avez suivi ce blog depuis le début. Essayez de taper à nouveau pategaumais.be dans quelques semaines. Ca pourrait vous amener à de nouvelles aventures.
Thursday, December 17, 2015
Group meeting
Toute dernière réunion dans le bureau du chef.
- What am I going to do after you leave, Anthony?- You will be OK, Richard. But what am I going to do after I leave???
Les coupables
Voila, on y est. Tout est empaqueté ou presque, c'est ma dernière soirée à NH à bloguer. J'ai été un peu trop élogieux avec tout le monde ces derniers temps. Ca doit être la nostalgie. Modérons quand-même un peu tout ça, voici comme promis le moment de blâmer les gens à cause de qui je vais me retrouver au bout du monde à tenter de comprendre le cancer du sida plutôt que d’être guide nature au Zwin et baguer des goélands tout près de vous.
Parmi ces coupables qui m’ont poussé sur la mauvaise pente, j’en dénombre au moins quatre:
1) Le Philou. Il était notre prof de biologie à l’école. Pendant que les profs de math et de physique se préoccupaient de terminer le programme officiel avant les examens, lui nous expliquait Darwin et nous emmenait sur le terrain pour faire dans transects et des carrés d’échantillonnage.
Un jour en début de rhéto, la prof de math m’a demandé ce que j’allais faire comme études. Normalement, j’aurais dû lui répondre ce qu’elle aurait tant voulu entendre: polytech. Mais j’aimais bien la faire râler, alors je lui ai répondu: “Biologie, Madame!”. Je visualise encore sa tête dépitée! Je ne me souviens plus vraiment pourquoi j’ai dit ça ce jour-là, mais je n’ai plus changé d’avis. C’est ainsi que je suis devenu biologiste.
2) Oberdan. Deux ans plus tard, lundi à 14h, bâtiment U au Solbosch, cours de physiologie cellulaire. Le prof entame son premier cours en recommandant 2 textbooks, et il nous dit que ces livres sont tellement bien faits qu’il se demande à quoi sert un cours avec lui. Là, je savais immédiatement qu’avec Oba, on avait à faire à quelqu’un hors du commun!
Son auditoire était toujours densément peuplé et il semblait somnolant lors de mon examen oral. Je pensais donc être passé inaperçu à son cours. Alors j’ai été vraiment surpris quelques mois plus tard quand il m’a approché dans un couloir par un fort enthousiaste “Salut Anthony!”, assez inhabituel de la part d’un prof d’unif en candi. Il voulait me dire que si j’étais intéressé par l’Immunologie, j’étais le bienvenu dans son labo pour un mémoire et pour une thèse. Au labo d’Oba, il y avait aussi l’honneur et le privilège de travailler avec Fabienne, alors je n’ai pas hésité!
Quelques années plus tard, c’est encore Oba qui m’a poussé à aller tenter ma chance à Yale chez le grand Richard F. Et dans son speech le jour de ma thèse, il a glissé quelques petits “conseils” qui me sont encore fort utiles chaque jour.
3) Yasmina. Dans un labo, le voisin de paillasse est une personne importante. C’est un peu comme le co-locataire avec qui il faut partager la cuisine. Parfois (rarement!), on a la chance d’avoir une personne extraordinaire comme voisin de paillasse. A l’ULB, il y avait eu Pascal avec qui ont a vraiment beaucoup rigolé. A Yale, il y a eu Yasmina.
Très vite à mon arrivée, Yasmina m’a dit que je devais faire aussi bien qu’elle à Yale, voire mieux. Moi, j’étais juste impressionné et admiratif de son CV à rallonge. J’avais lu tous les articles publiés par le labo de Richard depuis 5 ans, ceux de Yasmina étaient les plus intéressants, et maintenant elle était ma voisine et j’étais censé faire mieux! J’ai senti la pression…
“Malheureusement”, après quelques mois, Yasmina est partie pour devenir Professeur à University of Michigan. L’été suivant, je suis allé lui rendre visite dans son beau labo tout neuf à Ann Arbor. C’est là que j’ai vraiment compris pourquoi on était à Yale et ce qu’on y attendait de nous: devenir les stars de la recherche mondiale.
Quelques années plus tard, il reste à savoir si j’ai ou non fait aussi bien que Yasmina. Comparaison difficile, car Yasmina est une vraie immunologiste alors que je ne suis qu’un biologiste moléculaire qui fait de l’immunologie. Mais ce qui est certain, c’est que la souris Mistigri va permettre à Yasmina d'élucider des questions fondamentales auxquelles il lui était jusqu’à présent impossible de répondre. C’est pour ça qu’on a patiemment construit cette souris, et je suis fort content que Yasmina soit une des premières à en bénéficier!
4) Shomi, c’est le prototype de la fille chiante. Californienne en plus, pour ne rien arranger.
Très vite donc, il était clair que l’objectif après Yale, ce serait soit le top mondial comme Yasmina et d’autres, soit renter à la maison. Il y a 2 ans, le top n’était pas accessible. Scientifiquement, c’était quand-même un petit échec. Mais rentrer près de vous, c’était fort bien aussi!
Sauf que j’ai alors commencé à déconner en publiant ces articles dans ces foutues gazettes prestigieuses. J’en ai d’abord nié les conséquences. Mais c’est à ce moment-là que Shomi est venue se mêler de ce qui ne la regardait pas. Elle m’a rappelé avec beaucoup d’insistance que ces publications rendaient maintenant le top accessible et même quasi certain, et que je ne pouvais pas gaspiller une telle opportunité. Pendant un temps, j’ai ignoré ce que me disait Shomi, au point d’en être désagréable. Mais si elle est un peu chiante, elle est loin d’être idiote. Une autre manière de poser l’équation est la suivante: un footballeur va-t-il à Anderlecht si il a la possibilité de jouer à Manchester United? En sachant que si il fait banquette à Man U., il trouvera toujours bien un moyen de se recaser au Standard.
Je ne sais pas ce qui est le plus énervant avec Shomi: quand elle veut absolument avoir raison, ou quand je suis obligé d’admettre qu’elle n’a peut-être pas entièrement tort?
Y’a plus qu’à espérer que ça se passera bien à Man U…
Wednesday, December 16, 2015
Ruslan
Aie, aie, aie! Plus que 2 jours, et il y a encore plusieurs personnes dont j'aurais aimé vous parler... on n'aura probablement pas le temps pour tout le monde!
Alors faisons Ruslan aujourd'hui, parce que c'est quelqu'un d'unique. Il y a deux extra-terrestres scientifiques dans le Département: le chef et Ruslan. Dans des styles fort différents.
J'ai piqué son portrait sur internet, car quand j'ai la chance de discuter avec Ruslan, je suis trop impressionné que pour penser à sortir mon appareil photo:
A la fin de sa carrière, quelqu'un devra écrire la biographie de Ruslan. Il est originaire d'Ouzbékistan et a fait une thèse à Moscou. De la biochimie théorique, car en Russie au début des années 90s, on n'avait pas les moyens de faire des manips au labo. Et encore, pour avoir accès à la bibliothèque, il devait draguer les bibliothécaires. Il est arrivé aux USA pour un postdoc dans un endroit aléatoire, d'où il a trouvé son chemin vers Yale grâce à une lettre de recommendation qui disait "recrute-le, c'est un génie". Trois ans plus tard, il publiait un article qui révolutionnait l'Immunologie, le genre de découverte qui vaut un Prix Nobel.
J'ai croisé Ruslan dans le couloir le jour où il n'a pas reçu ce Prix Nobel. J'ai tourné la tête pour ne pas croiser son regard, mais de toute façon il regardait ses pieds. La version politiquement correcte pour expliquer son exclusion du Nobel, c'est que le Prix est remis à maximum 3 personnes et les autres le méritaient tout autant. La réalité, c'est qu'un gars a mené pendant plus d'une décennie une campagne de lobbying pour discréditer la contribution de Ruslan, pourtant publiée un an plus tôt. Les dessous de cette campagne de dénigrement, qui font surface de multiples sources indépendantes, sont fort peu reluisants. Mais parmi la communauté scientifique personne n'est dupe! L'autre restera dans l'histoire comme celui qui a volé le Nobel de Ruslan. Et Ruslan sera celui qui valait plus qu'un Nobel. Car l'année suivante, il a reçu pratiquement tous les Prix scientifiques de la planète, comme si les différents jurys avaient voulu corriger l'injustice commise par le comité Nobel.
Discuter avec Ruslan, c'est quelque chose de vraiment spécial. D'abord, tu lui expliques ton projet. Il t'écoute et tu te demandes s'il est intéressé ou si il pense à autre chose. Ensuite, il commence un monologue et là, t'as intérêt à être attentif, à écouter et enregistrer. Il te synthétise tout ton travail, le met en perspective dans un contexte global et en déduit sa réelle signification. En 5 minutes, il vient de te faire comprendre tout et encore plus sur le projet sur lequel tu travailles depuis des années.
C'est hallucinant, de voir comment fonctionne un tel cerveau! Ca doit être ça, un génie. Pour nous, commun des mortels, on ne peut qu'écouter ce que dit Ruslan, lire et relire ce qu'il écrit, admirer et s'en inspirer.
Je termine en me la pétant un peu. Un jour au RIP ("Research In Progress"), une étudiante présente des résultats fort intrigants. C'était évident, criant, aucun doute pour moi, la solution à son problème se trouve dans mon article publié l'an dernier. Au moment des questions, deux mains se lèvent. Je peux poser ma question en premier: "Les mitochondries sont-elle intactes?". Au tour de Ruslan ensuite: "Non, c'est bon. Je voulais poser la même question qu'Anthony". Je me suis pris un peu le gros cou, ce jour-là!
Alors faisons Ruslan aujourd'hui, parce que c'est quelqu'un d'unique. Il y a deux extra-terrestres scientifiques dans le Département: le chef et Ruslan. Dans des styles fort différents.
J'ai piqué son portrait sur internet, car quand j'ai la chance de discuter avec Ruslan, je suis trop impressionné que pour penser à sortir mon appareil photo:
A la fin de sa carrière, quelqu'un devra écrire la biographie de Ruslan. Il est originaire d'Ouzbékistan et a fait une thèse à Moscou. De la biochimie théorique, car en Russie au début des années 90s, on n'avait pas les moyens de faire des manips au labo. Et encore, pour avoir accès à la bibliothèque, il devait draguer les bibliothécaires. Il est arrivé aux USA pour un postdoc dans un endroit aléatoire, d'où il a trouvé son chemin vers Yale grâce à une lettre de recommendation qui disait "recrute-le, c'est un génie". Trois ans plus tard, il publiait un article qui révolutionnait l'Immunologie, le genre de découverte qui vaut un Prix Nobel.
J'ai croisé Ruslan dans le couloir le jour où il n'a pas reçu ce Prix Nobel. J'ai tourné la tête pour ne pas croiser son regard, mais de toute façon il regardait ses pieds. La version politiquement correcte pour expliquer son exclusion du Nobel, c'est que le Prix est remis à maximum 3 personnes et les autres le méritaient tout autant. La réalité, c'est qu'un gars a mené pendant plus d'une décennie une campagne de lobbying pour discréditer la contribution de Ruslan, pourtant publiée un an plus tôt. Les dessous de cette campagne de dénigrement, qui font surface de multiples sources indépendantes, sont fort peu reluisants. Mais parmi la communauté scientifique personne n'est dupe! L'autre restera dans l'histoire comme celui qui a volé le Nobel de Ruslan. Et Ruslan sera celui qui valait plus qu'un Nobel. Car l'année suivante, il a reçu pratiquement tous les Prix scientifiques de la planète, comme si les différents jurys avaient voulu corriger l'injustice commise par le comité Nobel.
Discuter avec Ruslan, c'est quelque chose de vraiment spécial. D'abord, tu lui expliques ton projet. Il t'écoute et tu te demandes s'il est intéressé ou si il pense à autre chose. Ensuite, il commence un monologue et là, t'as intérêt à être attentif, à écouter et enregistrer. Il te synthétise tout ton travail, le met en perspective dans un contexte global et en déduit sa réelle signification. En 5 minutes, il vient de te faire comprendre tout et encore plus sur le projet sur lequel tu travailles depuis des années.
C'est hallucinant, de voir comment fonctionne un tel cerveau! Ca doit être ça, un génie. Pour nous, commun des mortels, on ne peut qu'écouter ce que dit Ruslan, lire et relire ce qu'il écrit, admirer et s'en inspirer.
Je termine en me la pétant un peu. Un jour au RIP ("Research In Progress"), une étudiante présente des résultats fort intrigants. C'était évident, criant, aucun doute pour moi, la solution à son problème se trouve dans mon article publié l'an dernier. Au moment des questions, deux mains se lèvent. Je peux poser ma question en premier: "Les mitochondries sont-elle intactes?". Au tour de Ruslan ensuite: "Non, c'est bon. Je voulais poser la même question qu'Anthony". Je me suis pris un peu le gros cou, ce jour-là!
Secret Santa
C'est évidemment une idée farfelue de Lizzie ce "Secret Santa", histoire de mettre tout le monde de bonne humeur, et parce que tout le monde il est beau tout le monde il est gentil.
La semaine dernière chaque participant a tiré un nom au sort et devait trouver un cadeau pour cette personne. Hier, ce Père Noël secret est passé et tout le monde a reçu un cadeau:
Liang a reçu un selfie-stick (parce qu'on n'est pas un vrai Chinois sans selfie-stick!)...
... qu'on a immédiatement testé (remarquez que l'effet sur ces 2 photos est le même que Benoît au Tour de France)
Quant à moi, j'ai reçu les verres officiels des New England Patriots.
Y'a toute une histoire là derrière: les Patriots, c'est l'équipe de football locale, mais il y a aussi beaucoup de fans des New York Jets dans le coin, donc ça fait une sérieuse rivalité. Une technicienne au labo est fan des Patriots et elle va à tous leurs matchs à domicile. Donc on sait que si les Patriots jouent le dimanche soir, soit elle sera absente le lundi, soit elle sera encore un peu bourrée de la veille... et on se moque bien d'elle pour ça!
Aussi, si on retire leurs supporters qui sont de vrais fanatiques, les Patriots sont détestés par tout le monde. Absolument DE-TES-TES!
Dernier élément du puzzle: les Patriots ont remporté le Super Bowl l'année dernière... en battant les Seattle Seahawks!
J'imagine que Secret Santa essaie de me faire choisir un camp.
Tuesday, December 15, 2015
Les Souris
Les souris sont bien arrivées à Seattle! Elles vont maintenant passer 8 longues semaines en quarantaine.
Et ici, j'ai fait aujourd'hui mon tout dernier génotypage:
Les numéros des souris vous donnent une petite idée de l'ampleur du génocide murin dont je suis coupable...
Subscribe to:
Posts (Atom)